Pourquoi nettoyer un disque vinyle ?
Why clean a vinyl record?

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En page suivante (“Comment nettoyer un disque vinyle”), vous trouverez des conseils sur la manière de nettoyer les disques vinyles.

Composition chimique d’un disque vinyle

Le disque microsillon est obtenu par moulage sous pression et à chaud d’un mélange (vinylite) de copolymère de chlorure de vinyle et d’acétate de vinyle et d’un homopolymère de chlorure de vinyle, auquel sont ajoutés un stabilisateur thermique, un plastifiant, un agent antistatique, un stabilisateur UV, ainsi que des additifs (phtalates) destinés à réduire le bruit de frottement de la tête de lecture, du noir de carbone ou pigments selon la couleur souhaitée et un agent de démoulage (Mold Release Agent).
→ téléchargez le brevet

La fabrication d’un disque vinyle n’est pas un processus parfait, et même un disque neuf pouvait présenter des défauts. Durant l’âge d’or du vinyle, toutes les usines de pressage ne fonctionnaient pas forcément dans un environnement propre et exempt de poussières. Parfois, pour améliorer les profits et/ou trouver de nouveaux clients, certaines usines réduisaient les coûts de fabrication au détriment de la qualité :
– des matrices en acétate ayant de petits défauts de gravure étaient utilisées (car vendues moins cher).
– les étiquettes des disques étaient parfois stockées dans des entrepôts humides, absorbant l’humidité ; sans séchage préalable, elles libéraient de la vapeur d’eau pendant le pressage, ce qui provoquait des imperfections.
– parfois du vinyle recyclé contenant des fragments de papier provenant de l’étiquette, ou du vinyle de récupération résultant de l’ébarbage des bords du disque après le pressage était mélangés à la vinylite pour en diminuer le coût.

Pendant la fabrication, lors du pressage et de la phase séparation entre disque et stamper, les sillons du disque peuvent être fracturés, arrachés et/ou déformés par le retrait. Ces défauts dans le sillon produiront du bruit à la lecture. C’est pour éviter cela qu’on utilise un agent de démoulage. Il est compatible avec les résines utilisées et s’homogénéise dans la surface du disque à la température normale de pressage. Si la quantité utilisée est trop importante, l’excédent ne sera pas absorbé par la surface du disque et sa présence entraînera des défauts de surface du disque (le sillon ne sera pas parfaitement pas lisse) et produira du bruit à la lecture.

Tous ces défauts ne pourront pas être supprimés, même avec un nettoyage efficace.

Pourquoi nettoyer un disque vinyle ?

Les disques vinyles, qu’ils soient neufs ou d’occasion, méritent d’être nettoyés correctement afin de prolonger leur durée de vie et celle de la pointe de lecture, d’éliminer les bruits parasites et d’obtenir la meilleure écoute possible. De multiples causes peuvent salir et encrasser un disque vinyle.

Disque neuf
– l’agent de démoulage
Lors du pressage en usine, il peut rester à la surface du disque une très fine pellicule de l’agent de démoulage (Mold Release Agent) ; ce composé d’acide stéarique est inclus dans la vinylite pour assurer la séparation nette entre disque et stamper. Il en résulte qu’on peut entendre des craquements et un bruit de surface (souffle) à la lecture.
Un disque vinyle devrait donc être nettoyé avant la première lecture pour obtenir le meilleur son possible.

– les empreintes digitales
Il faut manipuler le disque avec précaution lorsqu’on le sort de la pochette ou qu’on le pose sur le plateau de la platine. En aucun cas il ne faut saisir le disque en posant les doigts sur le sillon. Pour l’extraire de sa sous-pochette, il faut poser les 4 doigts sur l’étiquette papier et bloquer le disque avec le métacarpe du pouce, retirer la sous-pochette avec l’autre main puis saisir le disque par la tranche entre les paumes pour le poser sur le plateau ou pour changer de face. Faire l’opération inverse pour le ranger. Vous pouvez également utiliser des gants en coton non pelucheux pour éviter les traces de doigts.

– l’électricité statique
L’électricité statique s’accumule sur une surface en matière plastique qui a subi un frottement avec un autre matériau non conducteur. Pour s’évacuer, elle circulera dans les matériaux conducteurs en prenant le chemin le plus court et le moins résistif vers la terre ou vers une masse relativement conductrice ; elle peut aussi utiliser l’air, s’il est conducteur, c’est à dire sec et chaud.
Il est difficile voire impossible d’éviter la formation d’électricité statique si les conditions physiques sont réunies, en particulier lorsque l’humidité ambiante descend en dessous de 35 % (ce qui est courant en hiver).

Quand un disque vinyle nouvellement fabriqué est retiré du moule métallique, après avoir subi de fortes pressions et des cycles thermiques, la matière plastique acquiert une charge triboélectrique négative importante (la triboélectricité est le phénomène électrostatique créé par la mise en contact de deux matériaux de natures différentes). Il peut être extrêmement chargé, ce qui fait que parfois la sous-pochette adhère au disque vinyle et qu’il est difficile de l’en extraire.
L’électricité statique attire et retient les poussières en suspension dans la pièce d’écoute qui se déposent sur la surface du disque et s’incrustent dans le sillon, générant des bruits à l’écoute. La pointe de lecture, lorsqu’elle rencontre ces particules “collées” à la surface par la force de Coulomb, est obligée de passer par-dessus ou de les contourner. Dans les deux cas, la particule ou son empreinte peut s’incruster dans la matière plastique du disque provoquant un bruit qui ne pourra pas être éliminé.
Le frottement de la pointe de lecture sur les parois du sillon peut également générer de l’électricité statique ; de brusques décharges électriques peuvent alors se produire lors de la lecture, provoquant des bruits secs (claquements) lors de l’écoute.

Le disque vinyle accumule donc de d’électricité statique qui se répartit de manière aléatoire sur la surface du disque. Elle s’évacuera à la terre via le corps humain, qui est le moyen le plus simple et le moins résistif à sa disposition. Il se produira donc un arc électrique entre la surface du disque et le doigt de l’audiophile qui approche sa main du disque.
Quand la concentration d’électricité statique (la charge statique) est d’une puissance insuffisante, elle s’évacuera par de minuscules décharges qui se créeront entre la surface du disque et le cantilever en métal de la pointe de lecture, ce sont les bruits secs que l’on entend parfois à l’écoute ; elle peut aussi transiter par la poussière plus ou moins conductrice collée sur la pointe de lecture.

La borne de masse d’une platine vinyle ne sert pas à évacuer l’électricité statique, c’est un lien avec le câblage des parties métalliques de la platine pour éviter l’effet de boucle de masse qui produit un ronronnement parasite. L’électricité statique ne peut pas s’évacuer via cette masse puisque le disque est généralement posé sur un couvre-plateau isolant (caoutchouc, liège, etc) lui-même posé sur un plateau électriquement isolé ou mauvais conducteur (courroie, galet, etc.)

Il existe différentes solutions plus ou moins efficaces pour minimiser les effets de l’électricité statique ou l’éliminer :
– utiliser une brosse spéciale pour éliminer l’électricité statique à base Polonium 210 encapsulé dans une barre de céramique. Initialement commercialisée dans les années 50, un équivalent est encore disponible de nos jours.
→ une ancienne publicité “STATICmaster”
– utiliser une brosse anti-statique dont les brins sont en fibre de carbone que l’on passe sur le disque pour “étaler” la charge et en réduire sa puissance qui sera insuffisante pour créer un arc. L’électricité statique sera toujours là, mais “diluée”, sans atteindre la tension (en volts) nécessaire pour produire un arc électrique.
– utiliser un couvre plateau en caoutchouc carboné (donc conducteur) qui répartira la charge statique sur l’ensemble de la face du disque et en réduira la force. Dans ce cas, il faut d’abord poser la face à écouter sur le couvre plateau, puis la retourner pour l’écoute.
– utiliser un bras dépoussiérant avec des poils en fibre de carbone dont le socle est relié à la masse de la platine qui elle-même est reliée à la masse de l’amplificateur. Idéalement il faudrait une terre, mais elle n’est pas forcément connectée sur les appareils Hi-Fi possédant une prise secteur à deux broches.
A noter qu’une fois le disque posé sur le plateau, il ne reçoit plus d’électricité statique car elle est produite lors de la manipulation.
– utiliser un pistolet Milty Zerostat 3 qui utilise le phénomène physique de la piézoélectricité. Certains audiophiles utilisent un briquet de camping avec arc plasma Ronxs© :
→ mode opératoire et test du briquet sur un disque en vidéo

Disque d’occasion
Les poussières piégées par l’électricité statique et les matières indésirables présentes à la surface du disque sont abrasives. Elles provoquent une usure prématurée de la pointe de lecture et des deux faces du sillon quand le stylet est en contact avec ces poussières ; le  signal sonore inscrit dans le sillon est altéré. Des particules peuvent parfois même s’incruster dans la matière du disque provoquant un bruit qui ne pourra pas être éliminé.
Les matières collantes (résidus de pressage, traces de doigts, etc.) participent également à la fixation des poussières sur le diamant, ce qui aggrave encore la dégradation de la pointe de lecture et du sillon. Il est donc très important de la nettoyer très régulièrement avec un produit adapté (→ voir le guide la cellule phono IV). Sachant que la cellule peut détecter des variations géométriques de quelques microns, tout impureté que rencontre le stylet est considérée comme une information et transformée en son. D’où l’importance de laisser le disque à l’abri de la poussière.

– le stockage
A partir des années 50, les disques phonographiques sont composés essentiellement de chlorure de polyvinyle (PVC), relativement stable chimiquement lorsqu’ils est conservé dans des conditions climatiques normales (température : 18°C ± 2°C et humidité relative : 40 % ± 5 %). Il faut donc éviter de stocker les disques à proximité d’une source de chaleur (radiateur, cheminée, etc.) et à l’abri du soleil pour éviter qu’ils se déforment et se gondolent. On pense que des tensions subsistent dans le disque vinyle, causées par le moulage sous pression et le refroidissement rapide. Elles se relâchent lorsque le disque est réchauffé à une température proche de sa température de ramollissement ; c’est ce qui provoque la déformation du disque.

Durant les années 60, les pochettes intérieures doublées de polyéthylène étaient très populaires. Malheureusement, le stockage d’un disque sans le sortir de sa pochette durant des décennies a fini par l’altérer. En effet, au fil des ans, le polyéthylène a réagit chimiquement avec le vinyle, ce qui fait que la pochette intérieure adhère au disque. En les décollant, il reste une fine pellicule qui se matérialise par une trace moirée qui zèbre toute la surface du disque et qui s’étend généralement au-delà des sillons jusqu’à l’étiquette en papier. Il est difficile (parfois impossible) de se débarrasser de cette trace moirée sans un nettoyage efficace en utilisant une machine à laver les vinyles.

Même lorsqu’il est stocké dans sa pochette, si les conditions d’hygrométrie et de température sont favorables, des moisissures peuvent se développer et donc provoquer une altération chimique de la matière. La qualité sonore peut être très nettement amoindrie, et parfois des crépitements (“crackling”) apparaissent. On retrouve très souvent ce phénomène sur des disques provenant de zones tropicales humides (Asie, Afrique, Amérique du sud), même lorsque le disque semble être en très bon état.

Il est donc nécessaire de protéger un disque vinyle de la poussière et des polluants atmosphériques en le rangeant immédiatement dans sa pochette après chaque lecture.

– les traces de manipulation
Pour éviter de laisser des empreintes digitales sur le disque, il faut le manipuler avec précaution lorsqu’on le sort de la pochette ou qu’on le pose sur le plateau de la platine. En aucun cas il ne faut saisir le disque en posant les doigts sur le sillon (voir en haut de la page). Vous pouvez également utiliser des gants en coton non pelucheux pour éviter les traces de doigts.

Les mauvaises pratiques de manipulation et le manque d’attention ont laissé de nombreux disques vinyles encrassés avec des résidus incrustés plus ou moins définitivement dans les sillons. Les disques anciens étaient souvent malmenés car exposés aux empreintes digitales, à la poussière, à la fumée de cigarette, etc. Certains propriétaires de disques ne remettaient pas les disques immédiatement dans leur pochette, les laissant empilés après lecture. De plus, ces disques n’ont jamais bénéficié d’un nettoyage “moderne” approprié ; les procédés utilisés à l’époque (généralement des chiffons doux) ne nettoyaient pas vraiment le disque mais déplaçaient simplement la poussière.

En fait, bon nombre de ces disques sont en bien meilleur état qu’espéré. Bien que rien ne puisse supprimer les rayures, un nettoyage approprié permettra d’éliminer une grande partie des souillures provoquant des bruits de surface. Le disque retrouvera une seconde jeunesse et sera prêt à rejoindre votre discothèque.

– évitez les produits prétendus “lubrifiants”
Il faut éviter d’utiliser tout type de produit qui recouvre les sillons, comme le LAST “conservateur de vinyle”, un produit antistatique en spray ou tout ce qui est destiné à lubrifier le sillon. Tout apport de matière supplémentaire, quel qu’il soit, encrasse le sillon et ajoute des bruits parasites au signal sonore. Les sillons doivent rester nus et propres.